mardi 23 février 2010

25 décembre 2009

Je me dégoute en regardant dans le miroir, mon propre reflet me débecte. Je n'ai pourtant pas l'habitude d'agir de manière aussi stupide. Je n'ai pas réfléchi je crois et maintenant je ne sais plus quoi faire... Peut être devrais-je soigner ma main ensanglantée. Mais je n'ai même pas mal, une autre douleur transperce ma poitrine, plus intense, plus insoutenable, plus réelle.
Je règne dans l'incompréhension, ce jour où tout devrait être si beau, où les enfants font le plus grand effort pour être sage. Ce jour, où l'on est censé voir la vie en blanc... Ce jour là, c'est la mort que je n'ai pas vu venir.

Il est partit en pleine nuit. Je ne le savais pas encore que j'en étais malade. Certains me déclareront folle, d'autres penseront juste à une "coïncidence", en tout cas je n'ai jamais vécu de coïncidence aussi frappante et douloureuse que celle là.
Le réveillon s'était passé naturellement chez mes grand-parents maternel, trop de nourriture, trop de champagne. Des "trop" me faisant penser à une indigestion dans les alentours de 4h du matin... J'étais loin de savoir que ce n'était pas la nourriture qui n'arrivait pas à être digéré.

Penchée sur les cabinets, mon visage n'exprime plus rien, je ne comprends pas ce qui me fait si mal. Des larmes de souffrance inondent mon visage et pourtant rien ne veut s'extirper de mes entrailles. Mis à part une haine quelconque et incompréhensible. Après une heure à essayer de cracher mon mal, je remonte sagement dans la chambre où dort également ma mère. Je me sens prise d'un grand vide et éprouve un profond manque. Je ne sais même pas pourquoi. Une fois allongée, tout autour de moi se met à tourner, tourner, encore et toujours plus vite... Je suis souvent encline à des crises d'angoisse, mais ça n'avait rien à voir. J'étais mal. JUSTE mal.

Le téléphone portable de ma mère sonne, je sais qu'il faut répondre, je le sens, mais je suis trop faible et surtout bien trop naïve pour me décider à me relever. C'est avec un creux dans l'estomac -pourtant bien garni par le repas de la veille- que je réussi à retrouver le sommeil. Une ou deux heures.
Je guette le réveil de ma mère, je sens, je ne sais pas pourquoi, je sens que les multiples coups de téléphone de la nuit cachent quelque chose... Et pourtant, par peur ou peut être par lâcheté, je n'arrivais pas à me résoudre à décrocher.
Elle ouvre enfin un œil, puis deux. J'attends patiemment qu'elle ce soit redressée pour lui dire : "ton téléphone a sonné plusieurs fois"... J'attends le dénouement, je VEUX savoir. Dans un grognement elle se relève et prend la direction des escaliers. Son geste aurait pu me résoudre, mais rien n'y fait, je n'arrive pas à affronter la réalité. J'ai peur. Même si à l'avance, je ne peux savoir de quoi. Ce n'est que quelques minutes plus tard, quand j'entends qu'elle prononce son prénom, que je me mets au garde à vous. C'est impossible.
En à peine une minute j'enfile une tenue décente et je descends les marches deux par deux. Ce mauvais rêve devenait réalité. J'aperçois un instant le visage de ma mère et c'est là que je comprends tout. Aucun mot n'aurait de toute manière pu décrire son expression...
Alors aussi vite que je suis descendu, je remonte chercher mon portable. Dans un intense élan d'espoir je lui envoie un "Joyeux Noël" matinal... Mais je ne reçu jamais ce foutu accusé de réception.
C'est en état de folie que je redescends dans la cuisine. Ma mère dans un état similaire au mien, a du mal à croiser mon regard. Elle cherche ses mots, bien que cela soit inutile. J'ai compris et aucune parole ne sera assez bien tournée pour dire les choses. Elle le sait.
"Papa est mort"

C'était désormais réel. Je plonge dans le regard noyé de ma mère, désormais ultime parent, le dire fut pour elle une révélation. Trois petits mots ont suffit à changer mon univers entier. Elle en a bien conscience car se l'entendre dire rend le fait inéluctable.

Cela fait bien longtemps que j'ai cessé de croire au père noël. Mais, aujourd'hui, je sais définitivement qu'il n'y a absolument aucune justice dans ce monde et encore moins de bonheur définitivement acquit. La fin est inévitable mais l'incompréhension sera à jamais présente, je venais juste de faire quelques pas dans l'âge "adulte". A cause de ce vide je resterais sans doute une éternelle enfant, à la recherche de ce qui pourrait combler ce manque. Peut être ne trouverais-je jamais, mais peut être aussi que je n'ai pas envie de trouver.
Se complaire dans son mal être et agir en conséquence est tellement plus facile qu'accepter les choses telles qu'elles sont. Je ne le nie pas. Pourtant j'avance, pas à pas, j'essaye tout du moins.

Nous nous retrouvons à nouveau devant ce miroir, mon poing toujours blessé et des torrents allant creuser mes pommettes. Seule dans mon appartement je fais exploser tout ce que j'ai dû contenir devant les autres. Je me sens minable, je me sens ridicule et pourtant le manque est toujours bien trop présent. Alors j'appelle un garçon, je lui dis que j'ai envie de lui tout de suite maintenant... Ça marche, il insiste pour passer me chercher en voiture et nous partons. Je ne sais même pas où il m'emmène, mais je sais qu'un contact charnel nous unira. Une nouvelle fois dans les bras d'un homme je me sens bien, je me sens vivre, il n'y a plus de craintes car rien ne m'attache à lui. Je peux gérer la situation. Je ne cherche rien en particulier chez ce partenaire ou un autre, mais juste un quelconque réconfort, des bras chauds enlacent ma taille. Je ne veux rien de plus qu'être un objet, me sentir désirable, pouvoir faire plaisir. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour reboucher momentanément le trou béant dans ma poitrine.

Cela ne fait que deux mois qu'il nous a quitté et déjà plusieurs numéros ce sont accumulés dans mon répertoire. Je n'attends plus rien, je ne cherches plus. Je les laisse à leur guise assouvirent leurs propres envies... Prenant du plaisir en même temps, bien sur, mais ne trouvant pas la pleine satisfaction qu'apporte une relation plus construite. Et je me borne à n'en pas vouloir. Ce n'est pas les propositions qui ont manqué pourtant. Mais, je ne veux certainement plus souffrir de la perte quelconque d'un être aimé.

Ainsi je donne l'illusion d'être libre, alors qu'il est mon Alkatraz.

Repose en paix.

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